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Les gardien·nes de notre culture de proximité

By Mélodie Geoffroy
April 28, 2025

Au REFRAIN, on aime dire qu’un festival artistique indépendant, c’est bien plus qu’un événement culturel : c’est une déclaration d’amour à la communauté. Et cet amour-là, il se construit dans les gestes concrets et dans les coups de main improbables. Derrière chaque projecteur allumé, chaque scène montée, chaque rue investie, il y a une communauté qui dit oui. Parfois même avant qu’on lui demande.

À Baie-Saint-Paul, quand le Festif débarque, ce n’est pas juste une affaire de programmation. Ce sont aussi des artistes et des spectateur·ices qui sautent littéralement dans la cour de Joanne pour se changer les idées, regarder et écouter des performances. Joanne, c’est une voisine, mais surtout une complice du festival. Son accueil fait partie du décor autant que les scènes et les éclairages. C’est le genre de petit geste essentiel à l’âme du festival.

Au FAR Festival, c’est une autre forme de solidarité qui brille : celle d’un·e voisin·e à qui on emprunte une prise de courant pour alimenter le bar dans la ruelle. Oui, littéralement. Et les voisin·es répondent présent·es, fièrement. Parce que ces festivals-là, on en fait partie. On devient partenaires de scène, électricien·nes d’un jour, gardien·nes d’une culture de proximité.

Le Festival Phénoména a remporté le 39e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, entre autres parce qu’on reconnaît son rôle de lieu rassembleur où la liberté artistique passe toujours en premier. Et c’est pas juste pour les artistes sur scène : on offre aussi à la communauté la chance d’incarner l’artiste en soi, notamment grâce à la Grande parade Phénoménale. Ce moment unique ne pourrait pas exister sans l’implication des écoles, des familles, des organisations. On pense à la communauté sourde qui a créé tout un tableau de la parade autour d’un thème arc-en-ciel, avec des costumes et une énergie magnifique, aux côtés d’autres groupes qui explorent d’autres univers thématiques. Le résultat ? Une présence forte, visuellement spectaculaire qui rappelle à tout le monde que l’art est un langage universel.

Et si on regarde du côté du Saguenay, pendant le Festival la Noce, un autre exemple joyeusement décalé nous attend : le fameux groupe d’hébergement alternatif 𝖍𝖊𝖑𝖑𝖇𝖓𝖇. Un joyau d’initiative où les habitant·es prêtent leur terrain pour une tente ou leur sous-sol ou un divan-lit. D’un côté, les festivalier·es y trouvent un coin où dormir quand tout est plein. De l’autre, les résident·es du Saguenay ouvrent leur porte ou troquent un carré de pelouse contre des rencontres inoubliables. C’est de l’hospitalité version festival et ça marche. Parce que c’est drôle, parce que c’est humain et parce que ça nous ressemble.

Ces exemples ne sont pas des exceptions. On ne fait pas des festivals que pour le monde, mais on les fait avec le monde. Alors, la prochaine fois que tu vois une scène s’installer sur un coin de rue, penses aux voisin·es qui ont prêté une prise de courant. À Joanne, qui garde les bottes des artistes dans sa cour. Aux hôtes du hellbnb qui gonflent un matelas pour des inconnu·es devenu·es ami·es.

Parce qu’un festival, ça ne se produit pas : ça se cultive. Et ça pousse mieux dans les terrains communautaires.

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